
Il est parti en novembre 1998 rejoindre son ami Cocteau au ciel des poètes et des créateurs. Jean Marais a vécu 85 ans parmi nous et a laissé une série de films dont certains valent le détour par une salle. Beaucoup de femmes l'ont trouvé charmant notamment dans "Dortoir des grandes". A cinquante ans, il en paraissait trente et à la veille de disparaître, il osait déclarer: "Je me suis amusé toute ma vie. Je regrette de dire ça par rapport à ceux qui considèrent le travail autrement mais moi je me suis amusé en faisant des films, en peignant". C'est vrai que Jean Marais était un exemple de vie, jamais soucieux du lendemain et qui croquait chaque jour qui passait sans se soucier de la vieillesse. D'ailleurs, lui-même reconnaissait qu'à partir du moment où on accepte de vivre, "il faut accepter aussi de vieillir, la souffrance parfois et la mort".
Mais Jean Marais au cinéma m'a laissé de beaux souvenirs: "L'éternel retour" est prodigieux. Les films de cape et d'épée me plaisent aussi. On connaîssait moins l'artiste-peintre et le sculpteur qui s'était retiré à Vallauris. Dans le Sud, l'acteur retraité a trouvé une seconde vocation qui l'amène à créer et toujours créer. On le verra encore sur les écrans dans le rôle moderner de Monseigneur Myriel dans "Les misérables du 20ème siècle" de Lelouch en 1995. Jean Marais invité des plateaux de télévision livre un rire communicatif et évoque ses bons et mauvais souvenirs chez Pivot et Ceylac. Son regard bleu entouré de sa crinière blanche, ses propos spontanés, me faisaient penser à un vieux lion respectable qui nous donnait un exemple de vie. Personnellement , je considère Jean Marais comme l'un de nos plus grands acteurs mais également comme un homme ayant vécu un parcours exemplaire sans angoisse, ni regrets.